COMPLEX CITY
Michael Heizer est un artiste
oeuvrant pour le land art. Les années 60 sont marquées par l’anti-art comme le
néo-dadaïsme. Le land art hérite de cette contestation des marchés de l’art. Les
artistes de ce mouvement ont réfléchi sur la capacité des musées à accueillir des
œuvres d’un nouveau genre. Ceci les poussera à créer dans, ou avec la nature. C’est
l’époque et les débuts de « l’architecture organique » selon les termes
d’Hegel, qui réalise seulement la forme symbolique destinée à suggérer une
représentation.
Le père de Heizer était un
ethnologue et un archéologue spécialiste dans l’architecture précolombienne. Ceci fut
une inspiration pour Heizer qui est fasciné par les grandes tailles et les masses
importantes des bâtiments, plus que part leur fonction ou leur signification symbolique.
Heizer travaille plus sur la taille
dans ses œuvres que sur l’échelle. Pour lui la taille est réelle tandis que l’échelle
est imaginaire. Dans son travail, il est plus concentré sur la perte des repères.
Dans son travail du « Complex
city » dans le désert du Névada aux Etats-Unis, il s’inspirât de deux
constructions architecturales ayant appartenues à des civilisations antiques. Il prit
comme exemple la pyramide de Djoser sur le site de Saqqarah en Egypte datant du 3°
millénaire avant JC puis du bâtiment du jeu de paume à Chitchen Itza de la civilisation
Maya au Mexique.
Le spectateur a facilement du mal à
définir si « Complex city » fait figure de sculpture ou d’architecture.
Heizer l’a défini comme une sculpture, pourtant ses références et sa grandeur font
plutôt pencher la balance pour une œuvre architecturale. Comme un grand bâtiment dans
une ville, la construction s’impose au spectateur selon le vœeu d’Heizer.
Les inspirations de Heizer lui
permirent de faire dans cette œuvre une reprise du mastaba primitif de la pyramide de
Djoser et de celle de Chitchen Itza. Ces rapprochements servirent au « Complex
1 ». Cet édifice n’est fait que de béton armé et de terre compactée. Ses
dimensions reprennent le goût de Heizer pour les grandes tailles : 7m de hauteur
pour une longueur de 43m et une largeur de 34m. Les 2 autres bâtiments, formant une
cité, sont construits toujours dans l’esprit de grandeur. Ainsi « Complex
2 » fait 7 m de haut pour 331m par 28m pour la longueur et la largeur et
« Complex 3 » garde toujours la
même hauteur et fait ; dans le même ordre que le précédent ; 207m par 28 m.
Un spectateur arrivera par un des cotés du désert, et se retrouvera face à l’une des
gigantesques constructions. Celui-ci aura 2 choix : grimper l’édifice ou le
contourner. Arrivé de l’autre coté et il sera à l’intérieur d’une grande fosse
encadrée par les 3 « Complex ». C’est à l’intérieur de cette cité que
Heizer a travaillé. A plus de 7m en dessous le niveau du sol, le spectateur ne voit plus
aucune partie du paysage. Il n’a pas de repères et pour essayer de se donner un aspect
visuel de la construction, il doit bouger, reculant ou avançant sans jamais trouver la
bonne distance. De plus les variations de lumières suivant les heures de la journée et
de la saison transforment le site. Heizer est allé même jusqu'à refuser que les
visiteurs photographient n’importe comment « Complex city » !
Malgré ses mots, Heizer a réussi à
faire de Complex city une œeuvre architecturale. Cet artiste, enfant de la génération
non-art, a fait de la « non architecture ». Ses édifices ne sont pas faits
pour habiter et ne remplissent aucune fonction, qu’elle soit sociale ou religieuse, que
possède normalement un bâtiment dans une ville.
De même lorsque l’on dit
« architecture » , on pense le plus souvent à une construction dans une ville
ou à sa périphérie. Ici le cadre de « Complex city » est le désert du
Nevada, lieu totalement inhabituel pour une construction de ce type. On peut aussi dire
que Heizer est atteint de gigantisme. Complex city s’inspire de grands édifices , et le
goût pour les grandes tailles d’Heizer en on fait une cité impressionnante. Le
spectateur doit se sentir écrasé et complètement déboussolé au milieu des ces 3
gigantesques édifices. La perte de repère est accentué par certaines parties de la
structure qui semblent juste tenir, s’avançant dans le vide. On n’ose imaginer les
peuples égyptiens et mayas avec un progrès technologique architectural équivalent à
celui d’aujourd’hui. Le seul point de comparaison que l’on pourrait faire avec
« Complex city » ne peut-être que les villes comme Las Vegas qui sont
construites en plein désert. Heizer, dans l’idée du land art a utilisé la lumière et
les saisons pour mieux exploiter les possibilités de son œeuvre. Il déclare lui même
qu’il espère que ses œeuvres ne lui survivrons pas, pourtant, depuis les années 70,
et le fait d’avoir utilisé du béton armé, la construction semble être faite pour
durer dans le temps, laissant de coté l’aspect ephèmere que veulent certains artistes
du land art au ceux qui travaillent sur« l’in-situ »
S.GIL